Marie Davidson
Marie Davidson a toujours pris le contre-pied des tendances. Productrice franco-canadienne, ses quatre premiers albums l’ont imposée comme une figure transgressive de la musique électronique. Dès son premier disque, Perte d'identité (2014), elle pose les bases d’une électronique organique et d’une narration introspective, qu’elle n’aura de cesse de creuser. À travers chaque sortie, elle interroge sa relation « duale » à la vie nocturne, tout en s’immergeant de plus en plus dans un foisonnement sonore allant du techno de Detroit à l’italo disco. Ce parcours atteint un point culminant avec Working Class Woman (2018), album acclamé et nommé au Prix Polaris, dans lequel Davidson passe la culture club et sa propre identité fragmentée au crible d’un regard satirique mordant. Plutôt que de se débattre avec l’absurde, elle le projette directement sur le dancefloor.
Puis vient Renegade Breakdown en 2020, une œuvre qui brise complètement le moule. Animée par une envie d’explorer d’autres styles, Davidson forme un groupe avec son mari et collaborateur de longue date Pierre Guerineau (également son partenaire dans le duo Essaie Pas), ainsi que le producteur Asaël Robitaille. Ensemble, ils composent une série de morceaux de pop expérimentale, inspirés des disques qu’ils écoutent lors d’afterparties dans leur salon – jazz, chanson française, electronica – et sur lesquels Davidson chante pour la toute première fois.
Quatre ans (et une pandémie) plus tard, City of Clowns, son sixième album studio, marque un retour vers le club… mais à sa manière. Les pulsations techno et les textes parlés incisifs de Working Class Woman refont surface par moments, mais les structures pop et la sensibilité mélodique de Renegade Breakdown persistent également. Le résultat est un mélange sonore « étrange », même selon Davidson elle-même. « C’est clairement en lien avec ce que je faisais avant la pandémie, mais avec une évolution », confie-t-elle. « Je ne voulais pas simplement me répéter. »
Le son et l’esprit de l’album sont aussi marqués par l’émergence d’un nouvel adversaire. Cette fois, ce n’est plus la culture club qui menace son identité, mais les géants de la tech.
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